Mondial-2034 en Arabie saoudite : "Mégalo Mondial"
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À la une de la presse, ce mercredi 11 décembre, la transition en Syrie, où le nouveau pouvoir promet de poursuivre les responsables impliqués dans les crimes du régime d’Assad. L’attribution annoncée de la Coupe du monde de football 2034 à l’Arabie saoudite, une décision qui fait grincer pas des dents. Et l’histoire d’un coup de fil manqué au Père Noël.
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À la une de la presse, l’attribution, prévue ce mercredi, du Mondial de football 2034. "Bienvenue au monde !", titre Arriyadia, le quotidien sportif saoudien, qui montre le prince héritier Mohammed ben Salmane tout sourire, en compagnie de deux enfants. Sauf très improbable coup de théâtre, le royaume devrait se voir attribuer le Mondial masculin 2034 – "l’aboutissement d’années d’efforts et de manigances" à la tête de la Fifa, d’après Libération, qui évoque un projet "mégalo", "pharaonique", dont certains chantiers ont d’ailleurs déjà commencé, l’Arabie saoudite n’ayant "pas pris la peine d’attendre l’officialisation" pour annoncer, dès le mois dernier, la construction du futur "King Salman Stadium", imaginé pour accueillir 92 000 spectateurs.
L’attribution du Mondial-2034 à l’Arabie saoudite fait toutefois grincer pas mal de dents. The New York Times fait état à la fois des accusations portées à l’encontre de la Fifa, soupçonnée d’avoir truqué le vote en faveur des Saoudiens en modifiant les règles d'appel d'offres, et des inquiétudes des défenseurs des droits de l'Homme, qui affirment que cette attribution "augmente les risques pour les milliers de travailleurs migrants issus de certaines des régions les plus pauvres de la planète qui seront amenés à construire les infrastructures pour accueillir le tournoi".
L’Arabie saoudite, qui est accusée par The Guardian d’avoir fait pression sur le gouvernement britannique pour qu’il intervienne dans les poursuites judiciaires engagées par un dissident saoudien au Royaume-Uni. Le journal fait état de documents prouvant, selon lui, une tentative d’intervention de la part de David Cameron, alors ministre des Affaires étrangères, après que Mohammed ben Salmane aurait personnellement fait pression sur lui au mois d’avril pour qu'il intervienne dans une affaire judiciaire impliquant un dissident saoudien exilé à Londres, Ghanem Al-Masarir. Celui-ci a engagé des poursuites, à Londres, contre le gouvernement saoudien qu’il accuse d’avoir ordonné le piratage de son téléphone portable via le célèbre logiciel d’espionnage Pegasus de la société israélienne NSO.
D’après The Guardian, des responsables saoudiens auraient également averti que cette affaire "pourrait avoir des répercussions" sur les quelque 100 milliards de livres sterling d'investissements saoudiens, présents ou à venir, au Royaume-Uni. Pour le journal, ces révélations constituent "le dernier exemple en date de la manière dont Mohammed ben Salmane cherche(rait) à exploiter les protections juridiques accordées aux dirigeants devant les tribunaux du monde entier, pour échapper à la responsabilité légale des actes présumés de répression transnationale perpétrés par l’État saoudien". Le journal rappelle qu’un juge américain a rejeté, il y a deux ans, une plainte contre le prince héritier l’accusant d’être responsable de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, malgré les "allégations crédibles" de son implication.
À la une, également,, la transition en Syrie, où les rebelles ont nommé hier un Premier ministre, Mohammad al-Bachir, qui assurera ses fonctions jusqu’au 1er mars 2025.
Après 13 ans de guerre, le nouveau chef du gouvernement syrien fait face à un défi colossal : une reconstruction estimée à des centaines de milliards de dollars, un probable retour massif de réfugiés et des minorités religieuses et ethniques, qui craignent l’arrivée au pouvoir des islamistes, d’après L’Orient Le Jour. Le quotidien libanais détaille ce matin les coulisses des négociations du 7 décembre dernier à Doha, entre les membres du groupe d’Astana, la Turquie, l’Iran et la Russie, alors que le régime était en train de s’effondrer. D’après le journal, qui cite un autre quotidien libanais, Al Joumhouriya et le journal saoudien Asharq Al-Awsat, le départ d’Assad aurait été négocié lors de cette réunion après une prise de contact "urgente" du Kremlin avec Ankara et Téhéran pour arrêter l’offensive des rebelles, en échange de l’"ouverture d’un dialogue politique".
Le nouveau pouvoir à Damas s’est engagé à traduire en justice les criminels du régime déchu. Le journal saoudien Arab News annonce que le chef du HTC, Ahmed Al-Charaa, promet d’engager des poursuites contre d’anciens responsables pour "torture" et "crimes de guerre". Une tâche colossale, là encore, tant le régime a commis d’atrocités. "Chaque foyer syrien compte trois ou quatre disparus", témoigne dans le journal britannique The Independent, l’un de ces innombrables Syriens lancés à la recherche de leurs proches, comme ceux que l’on voit à la Une du journal, agglutinés, mardi, devant une morgue de Damas où sont entassés des cadavres mutilés.
Les récits des rescapés sont déchirants, comme celui que publie La Repubblica, d’un jeune homme, retrouvé dans la sinistre prison de Saydnaya. Le journaliste qui l’a rencontré, raconte que ce détenu a été découvert recroquevillé dans le coin d'une cellule, le regard traqué, parlant par monosyllabes, les poings serrés et les pieds enflés, sans aucun papier sur lui, incapable de dire son âge et son nom. Ce jeune homme ne se souvient plus que d’une date, "janvier 2004", le mois où il a probablement été enfermé. La diffusion de son image sur les réseaux sociaux aurait permis à sa mère, réfugiée en Turquie, de le reconnaître. Selon cette femme, ce jeune homme, torturé pendant des années et des années par ses gardes serait Munaf Abdelkader Swid, originaire de la province de Deir ez-Zor, emprisonné alors qu'il n'avait que 13 ans, parce que son frère, tué par la suite, aurait été photographié un fusil à la main.
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On ne se quitte pas là-dessus. Sans transition aucune, histoire de vous changer un peu les idées, je vous propose un coup d’œil au journal local Sud Ouest, qui raconte que le 17, le numéro de la police ici en France, a reçu samedi dernier un appel jugé inquiétant. Une petite voix d’enfant, à l’autre bout du fil, disant : "J’ai 5 ans", puis plus rien. L’opérateur a alors demandé à une patrouille de se rendre à l’adresse correspondant au numéro de téléphone, où les policiers sont tombés sur les parents d’une petite fille, qui leur ont expliqué qu’elle ne connaissait pas le numéro du Père Noël et qu’elle avait donc eu le réflexe d’appeler le numéro de la police, qu’elle avait en revanche bien mémorisé. Les policiers ont réagi avec humour : "Le numéro n’était pas le bon. Mais c’est vrai qu’il commençait à y avoir urgence pour passer sa commande !".
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